J’ai lu de nombreux retours positifs sur cet ouvrage et je confirme qu’il est bouleversant. Je pense toutefois qu’il faut choisir le bon moment pour le lire, les sujets abordés peuvent être très difficiles. On est bien loin de la romance, on rencontre ici une histoire de maux, de gens cabossés par la vie qui devant nos yeux souffrent. Aucunement mielleux, mais plutôt d’une justesse incroyable, ce roman est à découvrir.

XO Editions | Septembre 2020
395 pages
∇ Printemps 2019, un cimetière parisien.
Rebecca a pris l’habitude de venir fleurir des tombes à l’abandon.
Benjamin, lui, vient assister à l’enterrement d’un inconnu.
Quand le hasard les met sur la route l’un de l’autre, le rapprochement se fait avec douceur et prudence, chacun prisonnier de sa propre souffrance.
Les secrets du passé sont parfois lourds à dévoiler, et ceux de Rebecca font osciller Benjamin entre amour fou et inquiétude sourde.
Et comment séduire une femme alors que l’on porte en soi une lourde culpabilité ?
Ces deux écorchés vifs vont pourtant apprendre à s’apprivoiser, à baisser les armes, laissant de côté l’ombre pour la lumière… ∇
Rebecca nous apparaît au travers de ses séances avec une psychologue. Benjamin, lui, dès les premières pages, on connait la raison du chamboulement de sa vie. Rebecca et Benjamin se croisent dans les allées d’un cimetière. Rebecca nettoie des tombes laissées à l’abandon tandis que Benjamin assiste de loin et avec une culpabilité dévorante à l’enterrement du jeune homme dont il a involontairement provoqué la mort. Les personnages sont vrais. On est ébranlé par leurs angoisses, leurs culpabilités, leurs drames mais aussi leurs quêtes.
« On devrait toujours faire les choses au moment où l’on a envie de les faire, sans tergiverser, sans vouloir être raisonnable, sans remettre à plus tard. Parce qu’on ne sait jamais s’il y aura un plus tard en réalité. Et il suffit d’un minuscule grain de sable pour que le « plus tard » se transforme en « trop tard », pour que l’espoir se métamorphose en regrets. La pire erreur qu’on puisse faire, dans la vie, c’est d’être raisonnable. De temporiser, de douter, d’attendre. Au lieu de se contenter de vivre. »
Je découvre la plume d’Amélie Antoine, remplie de justesse, d’élégance, de sensibilité. La structure du roman est impressionnante, nous sommes avant les-jours-où, après les-jours-où et le jour où… Une des forces de l’auteure réside dans le dosage de l’alternance passé/présent, pour dévoiler très progressivement l’histoire de ses deux personnages. Les situations, les émotions, les dialogues sont tellement bien décrits que cette histoire pourrait être celle de chacun d’entre nous.
« On passe des années
À bâtir
Ce qu’on pense être un château fort
Et il suffit d’un instant
Un instant à peine
Pour se rendre compte
Qu’il ne s’agissait finalement
Que d’un château de cartes,
Un vulgaire château de cartes. »
Le jour où est un roman lumineux même si son sujet est profondément douloureux. L’auteure ne décrit pas une simple histoire d’amour qui se créée page après page. Elle dessine la renaissance de deux êtres qu’une épreuve de la vie a anéantis. Elle aborde également la place et le poids du passé, de la difficulté voire de l’impossibilité à se reconstruire après un énorme coup dur. Amélie Antoine décrit le long chemin à parcourir avant de parvenir à un équilibre et au bonheur, sans oublier pour autant son passé. Elle nous conte une magnifique histoire de résilience. La mort est injuste. La douleur, l’absence, la culpabilité nous ronge. Mais il faut garder en tête que même dans les moments les plus sombres, même quand on pense être au fond, il reste une petite lumière qui nous permettra de survivre, et de surtout de vivre.