Littérature étrangère

Mille Petits Riens

Histoire d’actualité tant elle est révélatrice d’une certaine société. Tiré d’une histoire vraie, il est à mettre entre toutes les mains. Parfaitement documenté autour du racisme et des injustices associées, le sujet est traité avec une grande adresse.


Mille Petits Riens, de Jodi Picoult
Actes Sud | Septembre 2019
672 pages

Ruth est sage-femme depuis plus de vingt ans. C’est une employée modèle, appréciée de tous. Une mère dévouée. Au matin d’une belle journée d’octobre, Ruth est loin de se douter que sa vie est sur le point de basculer.
Pour Turk et Brittany, un jeune couple de suprémacistes blancs, ce devait être le plus beau moment de leur vie : celui de la naissance de leur premier enfant. Pourtant, dans quelques jours, ils repartiront de la maternité en deuil.
Kennedy est avocate de la défense publique. Le jour où elle rencontre une sage-femme noire accusée d’avoir tué le bébé d’un couple raciste, elle se dit qu’elle tient là sa première grande affaire. Mais ce n’est pas un combat gagné d’avance.
Émouvant et captivant, Mille petits riens aborde de front les questions du racisme et du vivre-ensemble dans une Amérique rongée par son histoire. Mais il montre aussi que c’est à travers les petites choses et les mains tendues qu’il est possible de trouver l’apaisement en vue d’une rédemption.


Ce roman à trois voix nous permet de suivre les personnages principaux : Ruth, sage-femme noire, accusée d’avoir tué un bébé. Elle sait que le racisme existe mais ne se cache pas derrière sa couleur de peau. Elle travaille dur pour élever son fils après la mort de son mari et lui offrir un bel avenir. Turk, le père du bébé, skinhead néonazi qui croit en la suprématie de la race aryenne. C’est un homme complexe, aveuglé par ses croyances, qui préfère rester dans son ignorance. Et enfin, Kennedy, avocate blanche de la défense publique, qui va ouvrir petit à petit les yeux sur ce racisme bien ancré dans les mentalités. La richesse de ce livre résulte énormément par les points de vue de chacun de ces personnages puisqu’ils vont tous nous apporter de l’émotion et des interrogations. Les passages décrivant la haine raciale font froid dans le dos, les dialogues subtils sont criant de vérité et teintés d’ironie.

« La mort s’invite plus fréquemment que l’on croit dans une maternité. En cas d’anencéphalie et de mort fœtale, les parents doivent malgré tout créer un lien avec leur bébé pour pouvoir faire le deuil. »

Difficile de décrire ce mélange de sentiments que j’ai éprouvé à la lecture de ce roman. J’ai été effrayée, bouleversée, énervée, choquée, triste… Emportée dans un tourbillon de sentiments qui m’a fait passer du rire aux larmes, et m’a même rendue coupable. C’est un livre magnifique mais très éprouvant. Jodi Picoult dénonce avec subtilité comment le racisme se met en place et s’installe pour être un mécanisme de défense. On est plongé dans un monde rempli de méfiance, de peur et de non-dit. On sent que l’auteure connaît son sujet, qu’elle a passé beaucoup de temps à le penser, à le travailler et à l’écrire.

« Je voulais qu’elle voit de ses propres yeux que l’amour ne dépend pas de ce qu’on regarde, mais entièrement de la personne qui regarde. »

Il est impossible de fermer ce livre sans en être chamboulé. Il pousse à s’interroger sur soi et sur notre rapport aux autres. Il amène à une vraie réflexion sur la discrimination, l’injustice, et le racisme. Le racisme ordinaire, dans l’Amérique que l’on connait aujourd’hui et qui est encore loin d’être débarrassée de cette mentalité à faire vomir. Mais aussi du racisme passif qui peut toucher chacun d’entre nous. Ces mille petits riens, qui ne se résultent pas en haine, mais qui au quotidien, dans nos sociétés, amènent à un racisme que nous ne voyons pas ou plutôt que nous ne voulons pas voir.

« Elle faisait allusion à l’une de ses citations préférées de Martin Luther King : “Si je ne peux pas faire de grandes choses, je peux faire des petites choses de manière grandiose.” “If I cannot do great things, I can do small things in a great way”  »

Je me répète mais on ne sort pas indemne de cette lecture qu’il faut découvrir de toute urgence. J’en suis encore chamboulée tant elle m’a touché et fait réfléchir. Elle nous apporte une vision réaliste mais aussi remplie d’espoir sur les relations interraciales. Ce livre est une véritable leçon de vie. Je vais rapidement me renseigner sur les autres romans de Jodi Picoult que je ne connaissais pas avant ce livre, car sa façon de conter est singulière.

« Tous les bébés naissent beaux, voilà la morale de l’histoire. C’est ce qu’on projette sur eux qui les rend laids »

Note : 4.5 sur 5.

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