Lu en quelques heures lors du trajet de départ en vacances, j’ai bien aimé l’ambiance de ce monde de la haute couture. On suit Iris dans ses tourments, ses convictions, la description de son ascension sociale, de sa passion pour la couture et le décalage avec sa « vie d’avant ». C’est une belle histoire que je conseille pour une lecture facile et détendue.

Michel Lafon | Mai 2015
288 pages
∇ Depuis l’enfance, Iris a une passion pour la couture. Dessiner des modèles, leur donner vie par la magie du fil et de l’aiguille, voilà ce qui la rend heureuse. Mais ses parents n’ont toujours vu dans ses ambitions qu’un caprice : les chiffons, ce n’est pas « convenable ». Et Iris, la mort dans l’âme, s’est résignée.
Aujourd’hui, la jeune femme étouffe dans son carcan de province, son mari la délaisse, sa vie semble s’être arrêtée. Mais une révélation va pousser Iris à reprendre en main son destin. Dans le tourbillon de Paris, elle va courir le risque de s’ouvrir au monde et faire la rencontre de Marthe, égérie et mentor, troublante et autoritaire…
Portrait d’une femme en quête de son identité, ce roman nous entraîne dans une aventure diabolique dont, comme son héroïne, le lecteur a du mal à se libérer. ∇
L’atmosphère créée dans « Entre mes mains le bonheur se faufile » est assez particulière. Je trouve que l’on distingue clairement deux ambiances. A savoir, la vie d’Iris en banlieue et la vie d’Iris à Paris. Complètement opposées, j’en suis venue à les aimer puis à les détester chacune à leur tour. Les scènes parisiennes deviennent de plus en plus bizarres et malsaines, ce qui permet d’éveiller notre curiosité. L’univers de la Haute Couture et son milieu si vaniteux et cruel semble malheureusement très représentatif de la réalité. La plume est comme à son habitude pleine de sensibilité et de délicatesse pour ses personnages. L’intrigue m’a énormément fait penser aux Liaisons Dangereuses de Laclos. C’était un vrai bonheur de retrouver des jeux de séduction, de pouvoir et manipulation.
L’auteure a construit avec son personnage principal une femme fragile, effacée, et entièrement soumise. Il en découle un sentiment de pitié ; on veut la motiver, l’encourager, et même parfois la secouer ! Elle n’est ni autonome ni confiante en elle-même. Elle s’appuie sans cesse sur quelqu’un pour avancer, d’abord son mari puis ensuite son mentor Marthe. Au fil de ses choix et de ses rencontres, on suit son évolution, et cela fait du bien de voir qu’elle s’affirme. A mon sens, c’est un personnage compliqué mais très bien travaillé. Concernant Marthe, j’ai été très surprise. Egocentrique et manipulatrice, elle est le symbole de l’influence, de l’emprise que peuvent avoir certaines personnes sur d’autres, autant pour le meilleur que pour le pire. C’est un peu dommage que la complexité du personnage ne soit pas d’avantage abordée. En revanche, j’ai trouvé les autres personnages peut-être un peu trop prévisibles et caricaturaux, notamment les hommes. Le mari d’Iris est un cliché fini et je n’ai pas du tout aimé Gabriel, cliché du Don Juan rebelle. Cette relation décrédibilise selon moi la démarche d’Iris dans sa quête d’identité.
« Je resterais coupée en deux à vie L’Iris de Pierre. L’Iris de Gabriel. Deux hommes, deux amours. Je rirais au nez de quiconque me dirait que l’on ne peut aimer deux personnes à la fois. Si, c’était tout à fait possible. Sauf qu’on n’aimait pas de la même façon. Avec Pierre, c’était un amour routinier, rassurant. Avec Gabriel, un amour explosif, sur le fil, un amour en terre inconnue. »
Cette histoire tournant autour de la poursuite du bonheur et des rêves enfouis, créé un cadre original puisque chacun d’entre nous passe un jour par une phase de remise en question, un bilan de la vie. C’est une belle leçon qui nous transmet l’idée que l’on peut arriver à tout en faisant des sacrifices, en se battant et surtout en ne perdant jamais espoir. J’en retiens également l’importance de s’aimer soi-même, et de prendre des décisions pour soi, bien que ce ne soit pas toujours évident.