Contemporain

Les gens heureux lisent et boivent du café

Un livre qui touche, bouleverse, et questionne. Contrairement à ce que le titre pourrait faire croire, ce roman traite de thématiques douloureuses et complexes. Il peut plaire à beaucoup de personnes, car les thèmes abordés ne laissent pas indifférents : comment faire son deuil, comment vivre avec le souvenir de ses proches disparus, se reconstruire une vie sentimentale…


Les gens heureux lisent et boivent du café
Les gens heureux lisent et boivent du café, d’Agnès Martin-Lugand
Editions Michel Lafon | Juin 2013
253 pages

Diane a perdu brusquement son mari et sa fille dans un accident de voiture. Dès lors, tout se fige en elle, à l’exception de son cœur, qui continue de battre. Obstinément. Douloureusement. Inutilement. Égarée dans les limbes du souvenir, elle ne retrouve plus le chemin de l’existence. C’est peut-être en foulant la terre d’Irlande, où elle s’exile, qu’elle apercevra la lumière au bout du tunnel.
L’histoire de Diane nous fait passer par toutes les émotions. Impossible de rester insensible au parcours tantôt dramatique, tantôt drôle de cette jeune femme à qui la vie a tout donné puis tout repris, et qui n’a d’autre choix que de faire avec.


Les premières pages déchirantes, les premiers chapitres poignants, nous plongent dans le drame qu’a vécu Diane, et dans ce qu’est devenu sa vie. On la découvre prisonnière des souvenirs du passé et incapable d’avancer, dans un stade de dépression et de douleur où elle fuit l’acceptation. La tristesse que l’on peut ressentir lorsque l’on perd un proche, et encore plus, lorsque l’on perd un enfant est décrite avec tellement de justesse. On ressent sa douleur, on a mal pour elle, et l’on souhaite qu’elle arrive à sortir de ce deuil et de cette descente aux enfers, si destructeurs.

Bien que le deuil ne soit pas le seul fond du livre, il est le fil conducteur de l’aventure irlandaise de Diane. Agnès Martin-Lugand traite finement cette thématique, montrant que le deuil des êtres chers est difficile. Cela semble insurmontable, mais avec les bonnes personnes autour de soi, on peut le faire. J’ai été séduite par la sincérité et l’humanité que dégagent certains personnages. Un autre thème très important est la redécouverte de soi, et la reconstruction avec ses hauts et ses bas. Il est question d’espoir et d’amour, envers soi-même dans un premier temps, puis envers les autres. Les thématiques sont amenées avec des pointes d’humour qui permettent de remonter le moral et de montrer que l’objectif est de vivre, pas seulement de survivre.

C’est un roman léger avec une écriture simple mais cette simplicité donne une force aux mots qui dégagent des émotions fortes. Cette écriture permet très facilement d’établir des liens et s’attacher à ce personnage. On a envie de l’aider. Le lecteur se sent investi et il est témoin du conflit et de la douleur qui habitent Diane. Les différentes étapes du deuil sont très bien décrites. J’ai apprécié les instants où elle navigue entre moments de désespoir et instants de lumière.

« Hé ! Mes amours… je suis revenue… vous me manquez… C’était bien l’Irlande, mais ça aurait été mieux avec vous deux. Ma Clara, si tu savais… je me suis roulée dans le sable avec un gros chien comme tu n’en as jamais vu, tu aurais pu monter sur son dos et lui faire de gros câlins… Je regrette que tu n’en aies pas eu un comme lui… Maman t’aime… »

J’ai beaucoup aimé le début du roman, qui est touchant et bouleversant. On y découvre cependant des clichés et des personnages stéréotypés. Félix, meilleur homosexuel et « chaud lapin », complètement exubérant. Edward, voisin détestable et imbuvable qui devient le personnage pour une romance. En revanche, j’ai moins apprécié la seconde partie du roman, j’aurais apprécié retrouver tout autant de profondeur et d’émotions. A mon sens, l’histoire prend une tournure un peu incohérente. Diane et Edward changent radicalement de comportement. Diane, incapable de ne pas penser à son mari et à sa fille n’en parle plus du jour au lendemain. Il aurait été plus « réaliste » d’avoir des remords de se lancer dans une autre relation, ainsi que de ressentir de nouveau de l’attirance et du désir pour un autre homme. Pour ce qui est d’Edward, il est tout simplement transformé. Il devient souriant, prévenant, doux.. Les scènes entre les deux sont souvent trop naïves et prévisibles. Elles sont un peu trop exagérées pour être réalistes, notamment la rapidité avec laquelle ils passent de la haine à d’autres sentiments. C’est un peu dommage, j’ai l’impression que c’est tiré par les cheveux. 

J’ai encore quelques petits reproches à faire notamment sur le tabagisme. L’addiction à la cigarette des deux principaux protagonistes est parfois exagérée. J’ai arrêté de compter le nombre de fois où l’auteur mentionne qu’une cigarette s’allume. On n’a pas besoin de cela pour comprendre leur nervosité, leur stress ou la tension qui existe entre eux. A contrario, j’aurai préféré avoir plus de descriptions des paysages d’Irlande qui sont bien plus rares selon moi.

« J’avais oublié à quel point les parisiens faisaient la gueule en permanence. Un stage de chaleur irlandais devrait être obligatoire au programme scolaire. Je pensais ça, mais je savais pertinemment que, dans moins de deux jours, j’aurais le même visage blafard et peut avenant qu’eux. »

Le livre se termine d’une façon dont je n’avais pas vu venir. Cela m’a agréablement plu. J’ai eu peur que la fin soit peu originale, mais Agnès Martin-Lugand a su me surprendre. Le dénouement n’enfonce pas le roman dans les clichés. Cette histoire nous rappelle à quel point nous sommes fragiles face aux événements de la vie. Aujourd’hui, tout nous sourit, mais demain tout peut basculer. Il m’a emmenée à penser aux personnes avec lesquelles je vis, qui me sont indispensables, mais que je peux perdre n’importe quand…. Le livre se termine d’une façon dont je n’avais pas vu venir. Cela m’a agréablement plu. J’ai eu peur que la fin soit peu originale, mais Agnès Martin-Lugand a su me surprendre. Le dénouement n’enfonce pas le roman dans les clichés. Cette histoire nous rappelle à quel point nous sommes fragiles face aux événements de la vie. Aujourd’hui, tout nous sourit, mais demain tout peut basculer. Il m’a emmenée à penser aux personnes avec lesquelles je vis, qui me sont indispensables, mais que je peux perdre n’importe quand….

« Si je commence une histoire avec toi, je te reprocherai un jour ou l’autre de ne pas être lui… d’être toi. Je ne veux pas de ça… Tu n’es pas ma béquille, ni un médicament, tu mérites d’être aimé sans condition, pour toi seul et non pour tes vertus curatives. Et je sais que… je ne t’aime pas comme il faut. En tout cas, pas encore. Il faut d’abord que je me reconstruise, que je sois forte, que j’aille bien, que je n’aie plus besoin d’aide. Après ça, seulement, je pourrai encore aimer. »

Note : 3 sur 5.

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