Mon premier roman de Christian Laborie, je découvre un nouvel auteur dont j’adore le style littéraire simple et concis. Captivant et bouleversant, ce roman est riche en émotions historiques et humaines. Il restera gravé tant l’Histoire est importante. Je le conseille vraiment à tous les amateurs de romans traitant de ce sujet.

Editions France Loisirs | Décembre 2018
536 pages
∇ Avril 1975. Sarah Goldberg, 30 ans, apprend qu’elle est l’héritière d’une maison dans un petit village des Cévennes, dont elle n’a jamais entendu parler. La demeure a été léguée à sa mère, Ana, décédée il y a quelques années. Profitant de l’été pour faire quelques travaux avant de vendre, Sarah découvre sous du papier peint une étrange inscription : « Ne cherchez pas à savoir ». Puis c’est un cahier qu’elle découvre, dissimulé dans la cave. Ana, alors jeune fille, y a consigné les errances de sa famille de 1920 jusqu’à la guerre. Sarah ignorait tout du passé de sa mère… Commence alors pour elle une bouleversante quête de vérité. ∇
Dans ce roman de terroir, Christian Laborie nous narre un très beau récit, touchant à l’Histoire de France, notamment cette période qu’est la seconde Guerre Mondiale. Cela nous renvoie à la vérité, à notre passé, par le biais des actions des maquis, de la population rurale, en l’occurrence ici celle des Cévennes. Remplies de nombreuses références historiques, nous apercevons les actions des résistants mais aussi les dénonciations, les trahisons, les déportations. L’auteur évoque de vrais lieux, des personnes ayant réellement joués un rôle durant cette période horrible. Il fait par exemple, référence à Albert Camus, qui écrivit La Peste dans la région, et les villages des Justes, Le Chambon-sur-Lignon et Saint-Germain-de-Calberte, qui ont eu un rôle dans le sauvetage d’enfants juifs, et de ceux qui fuyaient les nazis pendant cette guerre.
« De ses yeux coulaient des larmes de sang, de désespoir, d’incompréhension.
Pour la première fois, elle éprouvait le goût amer de la revanche, de la vengeance même. Elle ressentait dans ses veines, dans tout son être, son appartenance à ce peuple sans cesse traqué, vilipendé, moqué, réduit au silence, immolé. »
J’ai sincèrement beaucoup aimé ce roman où deux époques se dévoilent abordant les rafles des juifs et des secrets de famille impensables. Le style de l’auteur nous plonge vraiment dans la vie des protagonistes et l’histoire qui défile sur nos pages est poignante. Il a voulu montrer le calvaire de ces familles qui ont dû fuir leur pays, se cacher, s’adapter à de nouveaux environnements. Il retrace avec beaucoup de simplicité, la clandestinité, les mœurs, le courage de nombreux habitants de village qui ont contribué, à leurs risques et périls, pour cacher les juifs. On sent que le sujet a été bien documenté, on en apprend beaucoup. J’ai par exemple appris ce qu’était la « rafle du billet vert » du 14 mai 1941, première vague d’arrestation massive de juifs étrangers sur le sol français, sous le régime de Vichy. Je connaissais la rafle du Vel d’hiv’ mais je n’avais jamais entendu parler de celle-ci. J’ai aussi relevé une partie de l’histoire que j’ignorais, celui du rôle des pasteurs dans la protection des Juifs.
« Gilles eut beau lui expliquer que le devoir de mémoire ne devait en rien entacher le présent et qu’il était au contraire un gage de l’avenir, il n’était jamais parvenu à la raisonner. »
Les personnages sont attachants et émouvants, notamment la jeune Ana qu’on voit grandir et évoluer à travers l’histoire. Christian Laborie arrive à faire ressortir une empathie pour ses personnages. Nous vivons, aimons, et nous souffrons avec eux. C’est aussi une quête de vérité et d’identité pour Sarah, qui tente de savoir d’où elle vient et de découvrir sa propre histoire. J’ai aimé suivre les Goldberg dans leur vie d’errance, on ne peut qu’admirer leur courage et leur force.
« Tout être humain a besoin de savoir d’où il vient et qui il est vraiment. »