Avec La maison, Vanessa Savage débute dans l’écriture avec un roman sombre pour nous donner froid dans le dos. Une ambiance pesante, une maison angoissante qui dissimule de très nombreux secrets. Tenue en haleine, il m’a été impossible de lâcher son livre car une seule idée persistait, celle de connaître le fin mot de cette histoire.

Editions de Noyelles | Février 2019
432 pages
∇ La maison où Patrick a passé toute sa jeunesse n’est pas une demeure comme les autres. Quinze ans plus tôt, elle a été le théâtre d’un drame inconcevable : toute une famille y a été retrouvée, massacrée. Patrick garde pourtant des souvenirs irremplaçables dans ces lieux, comme seule l’enfance sait en créer. Il décide de la racheter. Sa femme, Sarah, et leurs deux enfants s’y installent à contrecœur. Le délabrement, l’atmosphère sinistre qui colle à la maison oppressent Sarah. Ses psychoses reprennent, de plus en plus sombres. Des voisins épient chacun de ses mouvements. La tension monte.
Dans ce roman tortueux, imprévisible, Vanessa Savage braque la lumière sur chacun des personnages, tour à tout. Patrick, Sarah – et le lecteur – sauront-ils résister à cette infernale spirale du doute et de l’enfermement ? Et jusqu’où les entraînera-telle ? ∇
Ce thriller est addictif, il est question de manipulation mentale, de mensonges, et de secrets. On s’imagine dans cette maison, on se demande s’il y a vraiment des rôdeurs, pourquoi la maison change-elle (ou révèle ?) les personnalités de cette manière. L’auteure a su répandre juste ce qu’il faut de doute. Sarah est-elle malade ? Vit-elle réellement les événements tels qu’elle les raconte. Patrick est-il vraiment cet homme digne de confiance qu’elle a épousé ? Sa meilleure amie l’est-elle vraiment ? L’angoisse monte crescendo, le suspense est bien ficelé jusqu’au bout et j’ai été entièrement conquise.
J’ai aimé la dimension psychologique très travaillée des personnages. Chacun d’eux a sa place, ils sont créés dans le but d’intriguer le lecteur. Le récit commence doucement, l’autrice prend son temps pour nous dévoiler les personnages, l’atmosphère dans laquelle ils évoluent, en s’attardant plus longuement sur Sarah, l’héroïne du roman. Suite à une sérieuse dépression, elle n’arrive plus à distinguer le réel de l’imaginaire. Elle donne à la fois le sentiment d’être la personne la plus censée du roman, et en même temps, la plus instable. C’est assez déroutant car on ne sait pas si on peut se fier à elle. Et cela pendant les trois quarts du roman. J’ai parfois eu envie de la secouer pour qu’elle arrête de subir son mari et ses enfants (qui sont soit adorables, soit odieux avec elle). Elle fait mine de rien et cela devient parfois agaçant. Sa passivité face à la violence nouvelle de son mari est réaliste par certains côtés mais devient très vite lassante. Patrick, lui, n’inspire rien de bon, il est manipulateur et pervers. Je ne l’ai pas aimé dès le début du livre sans vraiment connaître les raisons. Mais son personnage est vraiment bien mis en scène et bien travaillé. On sent au fil des pages toute la profondeur du personnage notamment à travers ses souvenirs. Quant aux autres protagonistes, on les sent instables. On doute de tout le monde : Sarah, Patrick, Joe, Mia, Caroline, Ben et Anna. Cela a été déstabilisant de savoir à qui se fier. C’est un doute continu qui nous assaillit, tiraillé par exemple, entre l’enthousiasme de Patrick et la méfiance de Sarah. Cette incertitude est d’autant plus présente que Sarah semble avoir des trous noirs, des moments où elle semble ailleurs, comme droguée.
La maison possède tous les ingrédients du thriller jouant entre réel et fantastique, où les vices des personnages, tout comme les événements qui se sont passés dans les lieux, semblent les hanter. La Maison du Crime, est-elle réellement habitée de fantômes, ou bien est-ce les souvenirs qui refont surface ? Toute l’ambiguïté repose sur cela, même si on se doute que le roman cherche surtout à montrer comment on s’investit émotionnellement dans une maison, en y amenant nos bagages et nos rêves. Les manifestations étranges ne sont, dans le fond, que le reflet d’une psychologie agitée, et d’un passé toujours ancré. L’auteure a su créer une ambiance particulièrement étouffante. Cette maison est un véritable piège qui se referme sur ses nouveaux occupants. Ce thème de la maison hantée ou maudite est selon moi bien traité, elle devient peu à peu une entité, un élément de peur, un personnage à part entière.
« Je me redresse, brosse mon jean pour enlever la poussière. Je remonte en hâte l’escalier de la cave, poursuivie par une voix qui murmure : J’ai été méchant. J’ai été très méchant. C’est la voix d’un fantôme. Et celle d’un enfant. »
J’ai vraiment aimé le style d’écriture de Vanessa Savage, fluide et simple. C’est une nouvelle plume à suivre de près dans le monde du thriller. La Maison est un bon page-turner : le suspense est toujours présent. C’est un polar haletant, où le doute s’installe à chaque nouvelle phrase, à chaque nouvel élément. Le roman est intelligemment construit et réserve beaucoup de surprises et rebondissements. J’ai sombré, comme les personnages dans une paranoïa, avec un besoin obsessionnel de découvrir la vérité. On retrouve ce côté enfermement, angoissant et oppressant tout au long du livre. J’ai été manipulée et tenue en haleine jusqu’à la fin, mes quelques hypothèses se sont retrouvées à côté de la plaque, et c’est principalement cela que je demande à un thriller.
Bravo à l’auteure pour ce suspense, c’est une vraie réussite. J’ai passé de très bons moments en compagnie de Sarah et de sa folie, même si parfois, seule le soir, j’ai eu un peu peur HAHA. C’est exactement le genre de livre que j’aime lire, et j’espère bien renouveler l’expérience avec cette auteure qui mérite un énorme succès. C’est clairement un coup de cœur. Je vous le recommande.