PhonePlay m’a été conseillé par une cousine chérie (Merci Elodie ♥) qui avait adoré sa lecture. Cette dernière est simple, adaptée à tout type de public, et l’histoire originale. L’intrigue m’a tout de suite beaucoup plu et intéressée : qui n’a jamais imaginé recevoir un message d’un inconnu et devoir trouver son identité ?

Michel Lafon Poche | Janvier 2016
348 pages
∇ Un soir, Alyssa, seize ans, reçoit un texto d’un mystérieux lycéen qui lui propose un jeu étrange : « Devine qui je suis et je serai à toi. » L’occasion pour la jeune fille de mettre enfin du piquant dans sa vie qu’elle juge d’un ennui mortel… quitte à prendre des risques. Jusqu’où Alyssa ira-t-elle pour un garçon dont elle ne sait rien ? ∇
J’ai apprécié la lecture de PhonePlay car c’est un roman pour adolescents qui change des codes habituels. J’aime beaucoup l’idée de deviner qui se cache derrière les messages. Je voulais tant connaître l’identité de « Lui », la raison du jeu et des règles qu’il impose. Il est vrai que la confiance qu’accorde Alyssa à « L’inconnu » ne relève pas du bon sens ! Mais justement, le fait qu’elle réagisse de manière différente par rapport à la réalité est intéressant et ouvre le débat, sachant qu’il s’agit ici d’une fiction.
Les chapitres sont courts, les événements s’enchaînent bien, ce qui permet d’avoir une lecture très agréable et rapide. L’histoire est très vite prenante ; il y a du rythme, on a pas le temps de s’ennuyer en essayant de découvrir l’identité de l’Inconnu. L’auteure sème quelques petits indices afin de nous emmener sur des pistes. J’ai tenté de découvrir qui il était, élaborant toutes sortes d’hypothèses, même les plus invraisemblables… A chaque garçon qui parlait à Alyssa, je me disais « C’est Lui ! » et là, Morgane Bicail nous entraîne dans une autre direction. J’ai vraiment aimé cette part de mystère que l’auteure garde autour de « Lui ». Certains chapitres sont du point de vue de l’inconnu, on apprend certaines choses à son sujet mais rien ne trahit son identité. On y découvre ses pensées, ce qu’il ressent, les raisons qui l’ont poussées à créer ce jeu, les sentiments qui commencent à se développer entre lui et Alyssa.
La relation entre les deux personnages est assez étrange mais très intéressante à suivre. Ils se cherchent, se testent en passant par diverses émotions. Ils essayent de se découvrir l’un et l’autre, sans qu’il y est la barrière de l’apparence physique qui aujourd’hui compte énormément. Ceci m’a séduite : découvrir le personnage en lui-même sans devoir imaginer qui il est. Toute l’étrangeté de la situation initiale s’efface petit à petit pour laisser place finalement à une jolie romance.
« Aimer » est devenu le verbe le plus banal au monde. Tout le monde l’utilise, pour n’importe quoi, pour n’importe qui, dans n’importe quelle circonstance. Je trouve que ça fait pitié d’avoir réduit le terme le plus précieux de notre langue au mot à tout dire. Pourtant, je pense que tout le monde sera d’accord pour dire que « je t’aime » sont les mots les plus forts qu’un homme puisse dire. « Aimer » est le verbe le plus beau, le plus puissant de notre langue. Et pourtant, il a été réduit à néant. »
Ce qui m’embête, c’est que je n’ai pas réussi à m’attacher aux deux personnages principaux. Ils sont présentés comme mature, hors selon moi, ils sont tout le contraire. Entre l’une qui délaisse ses études pour un parfait inconnu alors qu’elle est une très bonne élève et l’autre qui crée un jeu malsain pour une raison puérile… Je ne pense pas qu’une romance puisse à ce point faire perdre la réalité à tous lycéens. Mais après tout, je n’ai plus seize ans. Peut-être ai-je passé l’âge pour comprendre comment on peut en arriver là ?!
Alyssa est très stéréotypée, calquée sur le mode des lycéens américains qui aiment sortir le vendredi soir et faire la fête. Jusque-là, ça va. Mais je n’ai pas du tout aimé son côté « alcoolique » et fumeuse. Se mettre minable à en vomir à seize ans c’est plutôt moyen… À mes yeux, elle représente le cliché parfait de l’adolescente qui obtient tout ce qu’elle veut, mais qui se rebelle pour se venger de ses parents absents, qui fume et qui part en soirée parce que ça lui est interdit. Certaines de ses réactions sont immatures et hautaines. Mais derrière tout cela, on découvre aussi une adolescente fragile, qui a des rêves et des espoirs. C’est ce côté-là d’elle qui m’a touché.
Quant à l’Inconnu, c’est un personnage plutôt complexe et intriguant : on ne sait pas tout de lui. Il semble prétentieux et aime jouer avec les filles. Pendant une grande partie du roman, je n’arrivais pas à savoir s’il était bienveillant ou non. J’ai clairement eu l’impression d’avoir affaire à deux personnages différents. Au début du livre, il passe pour un homme sûr de lui qui balance des « chérie » et des « babe » après quelques messages, et à la fin, il semble avoir le besoin d’être rassuré… Je n’arrivais pas à trancher ; l’écriture de Morgane Bicail laisse beaucoup de place à l’imagination le concernant.
Les personnages secondaires quant à eux sont sympathiques. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié Louis, l’ami d’enfance d’Alyssa. Sa relation avec elle est très belle. C’est une amitié très fraternelle, sans aucune ambiguïté. Ce qui est agréable à lire, quand on évolue dans un univers aussi « malsain » (à employer avec de gros guillemets). Cela donne une bouffée d’air frais à notre lecture.
Toutes les attentes du lecteur sont remplies, l’auteure se débrouille très bien pour nous faire languir jusqu’au dénouement. On referme ce livre avec un petit sourire en coin, heureux pour nos personnages. Les parties narratives sont bien écrites, dans un style jeune et moderne mais avec un vocabulaire recherché et des émotions appropriées. Par contre, lorsque l’on passe aux échanges de textos, ponctués de « Babe », « Bébé » et « Chérie » pratiquement à toutes les phrases, je n’ai pas trouvé cela très naturel. Mais une fois encore, peut-être suis-je trop vieille pour trouver cela attendrissant et spontané. Parfois, le texte est peu réaliste : un peu maladroit, et rempli de certains clichés. On passe par des moments d’analyse où les pensées d’Alyssa sont profondes et où les mots sont choisis avec beaucoup d’agilité, à des moments un peu niais à mon goût.
Effectivement, un frein m’a bloqué : j’ai ressenti un manque de maturité dans le texte. Mais après une recherche, j’ai été agréablement surprise par le style d’écriture de Morgane Bicail surtout quand j’ai appris son âge ! Elle était toute jeune, quatorze ans je crois, lorsqu’elle a écrit ce roman, publié sur Wattpad [pour en savoir plus c’est ici]. Et, je pense que c’est ceci explique cela.
En conclusion, je découvre cette jeune auteure avec plaisir. Certes, cela reste un roman adolescent, mais même un jeune adulte peut le lire. L’histoire est originale et je l’ai bien sentie dans l’air de notre génération. On sent parfois une certaine « immaturité » dans la rédaction, mais vu qu’on est en présence d’adolescents dans le livre cela n’est pas tant dérangeant non plus. En tous cas, Morgane Bicail a de l’avenir dans l’écriture. Je suis bluffée par le jeune âge de l’auteure et de sa réussite à construire une histoire qui tient la route. Je pense la suivre pour voir son évolution littéraire.
« À la base, je n’aime pas la signification du mot « rêve ». Parce qu’on voit quelque chose de quasi impossible à réaliser, à obtenir, quand on utilise ce mot, et je n’aime pas ça. J’aime penser qu’on est capable de tout obtenir si on s’en donne les moyens. À mes yeux, tout doit être réalisable. »