Un avis en demi-teinte pour Ne me quitte pas ; je suis plutôt mitigée sur cette lecture. J’ai aimé ce roman car le dénouement est plutôt inhabituel voir inattendu. Cependant j’ai trouvé toute la première partie beaucoup trop longue et très répétitive.

Editions France Loisirs | Octobre 2018
464 pages
∇ Personne ne disparaît jamais complètement… L’histoire d’Hannah pourrait être la vôtre. Un jour, vous partez travailler. Un jour comme les autres. Jusqu’à ce que vous rentriez le soir, dans une maison vide. L’homme de votre vie est parti. Toutes ses affaires ont disparu. Comme s’il n’avait jamais existé. Cadre supérieure, la trentaine dynamique, Hannah n’a plus aucun moyen de joindre Matthew. Son numéro ne répond plus, il a disparu des réseaux sociaux, effacé tous leurs échanges : emails, photos, textos, tout. La seule chose qui reste, c’est une poignée de cheveux. Sous le choc, Hannah veut comprendre. Matthew ne peut pas la quitter sans explications. Commence alors la traque, jusqu’à l’obsession. Mais rien ne se passe comme prévu. Quelqu’un la suit, Hannah en est convaincue. Est-elle en train de devenir folle ? ∇
Dès les premières pages, on s’identifie sans peine à l’héroïne qui essaie tant bien que mal de se sortir de cette situation et de retrouver la trace de l’homme qui partageait sa vie. Elle est sous le choc, c’est légitime, qui ne le serait pas ? Elle veut comprendre pourquoi. Elle se sent épiée mais par qui et comment ? Retrouver Matthew est désormais sa seule préoccupation. Sans compter, les lettres et les appels anonymes qui lui font espérer qu’il l’épie et ainsi qu’il n’est pas loin. Hannah est impulsive, et ne sait plus gérer ce qui lui arrive, ne contrôlant plus les événements. La descente aux enfers va aller crescendo pour notre héroïne, qui néglige sa vie professionnelle, cumule alcool et insomnie pour retrouver la trace de Matt.
Toute cette phase dure vraiment longtemps, sans apporter quoi que ce soit de nouveau au récit. En effet, les ¾ du livre sont consacrés à la déchéance d’Hannah. J’ai trouvé que tout tournait un peu trop autour de son obsession. Au fil des pages, on finit par avoir envie de la secouer un bon coup afin qu’elle passe à autre chose. Elle semble être totalement obsédée par cette affaire. On peut la comprendre, mais pas jusqu’à en arriver là… Dommage car c’est bien écrit, mais à force on peine à s’attacher et à s’identifier à son personnage.
« À cette pensée, je me suis mise à pleurer. Comment pouvait-il m’abandonner ainsi, sans explications, au bout de quatre années de vie commune ? Et remettre en place mes vieilles affaires de cette façon ? C’était comme s’il n’avait jamais été là ! J’ai avalé le verre suivant presque d’un trait, lui aussi, et mes sanglots ont redoublé. J’aimais Matt. Depuis toujours, depuis le début. Il savait ce qu’il représentait pour moi ; je le lui avais dit tellement souvent. Nous étions inséparables, et l’idée de vivre sans lui me paniquait. J’ai tendu la main vers mon téléphone – j’aurais voulu parler à quelqu’un –, mais je me suis ravisée. J’avais honte de m’être fait larguer ainsi. Quelle humiliation ! Comment pourrais-je raconter à qui que ce soit ce qu’il avait fait ? »
Heureusement, quand l’intrigue se met en place, la lecture devient prenante, et on a toujours plus envie de tourner les pages. Le quotidien d’Hannah, raconté à la première personne, semble ordinaire et on commence à chercher la faille. Une ambiance pesante s’installe. L’auteure arrive à transmettre l’angoisse et la folie d’Hannah. Elle sombre littéralement chapitre après chapitre, se raccrochant à ses proches. L’auteure met alors nos nerfs à vif en bousculant nos certitudes : on en vient à se méfier de chaque personnage. Ces derniers sont pour moi, le vrai point fort du livre : des caractères bien trempés, et intrigants. A mesure que l’enquête avance, la tension psychologique monte pour Hannah, qui a de plus en plus le sentiment que quelqu’un cherche à la faire plonger dans la folie. Ses voisins, ses collègues et même sa meilleure amie semblent suspects… On peut tous les soupçonner du pire comme du meilleur. Mais peut-être devient-elle paranoïaque ?
« Katie avait toujours cru aux vertus de l’amour vache, du moins quand il s’agissait de donner des conseils aux autres. »
Force est de constater que Mary Torjussen a un esprit bien plus tordu que nous et ce pour notre plus grand plaisir, et je dois dire qu’elle m’a bien eu. Elle met en avant la peur de l’abandon, les doutes qui persistent ainsi que notre incapacité à passer à autre chose si les raisons de l’absence de l’autre ne sont pas dévoilées. Elle nous permet de spéculer, et ouvre les yeux sur un comportement et un traumatisme très peu abordé habituellement. En effet, la fin inattendue traite d’un sujet sensible et tabou dans notre société mais pourtant bien présent.
En résumé, malgré ces quelques longueurs et répétitions, Ne me quitte pas est un page-turner grâce à ces chapitres courts, et au style fluide de l’auteure. Même si sur la fin, on s’emmêle un peu les pinceaux et des questions restent sans réponse. C’est frustrant et dommage car l’histoire parait bâclée avec le dernier chapitre précipité. Néanmoins, je ressors satisfaite de ma lecture car il n’était vraiment pas facile de deviner le fin mot de l’histoire. Un thriller psychologique qui pourrait vous faire douter de votre entourage !